Version: 19 février 2000


Christian Pillet

Dans tous les sens

par Christian Pillet, 2000

 

 
Quelques commentaires sur les choix techniques

Le lecteur qui a été construit ne répond pas à toutes les caractéristiques qui ont été spécifiées dans l'article sur "L'utilisation des techniques actuelles pour améliorer la lecture des cylindres". Il en reprend cependant l'essentiel, en particulier celle ayant pour objet la lecture par bras tangentiel.

La platine à bras tangentiel et à cellule magnétique stéréophonique reste, en effet, la meilleure réponse au problème posé. C'est donc celle qui a été retenue pour la construction du lecteur.

Ce lecteur se compose de plusieurs modules qui ont chacun une fonction spécifique :

  • La plate-forme de base, qui sert de support à l'ensemble du système, provient d'une platine à bras tangentiel THOMSON TLT 542T. Elle contient la carte de pilotage du bras et on a conservé, en façade, les touches de commandes. La carte de pilotage du moteur et le moteur lui-même ont étés supprimés. La plate-forme est recouverte d'une planche de contre-plaqué afin de faciliter la fixation des différents éléments du lecteur.
  • Le bras tangentiel. Il n'a subi aucune modification et provient directement de la platine THOMSON. Il se compose :

    - du bras lui-même (coquille, cellule magnétique et contrepoids),
    - de deux glissières qui permettent au bras de se déplacer latéralement,
    - d'un micro-moteur asservi qui fait mouvoir le bras grâce à un système de "câble en boucle" et de poulies.

    Cet ensemble est fixé sur un socle composé de deux plaques superposées, mobiles dans deux directions :

    - latéralement, par glissement de la plaque supérieure sur la plaque inférieure, ce qui permet d'initialiser la lecture du cylindre en positionnant le bras au début de l'enregistrement et de compenser ainsi la rigidité du système d'origine (lecture de disques de 17 ou de 30 cm et déplacement initial du bras en fonction de ces paramètres)

    - de haut en bas et de bas en haut, pour tenir compte des différents diamètres des cylindres et positionner en conséquence la tête de lecture par rapport au sommet du cylindre. Ce mouvement est réalisé par quatre vis sans fin, fixées verticalement aux quatre coins de la plaque inférieure, et rendues solidaires entre elles par une chaîne et des pignons. L'ensemble, réalisé avec des éléments de Meccano, est actionné grâce à une manivelle.

    Ce système a également l'avantage de permettre de régler l'horizontalité des glissières qui guident le déplacement latéral du bras, condition importante pour assurer son bon fonctionnement pendant la lecture du cylindre.

  • Le support du cylindre et son moteur qui sont solidaires et fixés sur une plaque mobile. Ce système se compose de deux éléments :
  • - Le support du cylindre, constitué par un mandrin en polypropylène traversé par un axe en acier monté sur roulements à billes.

    - Un moteur de platine Perpetuum Ebner, 220 volts, muni de son axe d'origine permettant les trois vitesses habituelles (33, 45 et 78 tours). Le moteur est fixé sur un plaque mobile et isolé par des Silentblocs.

    L'entraînement du cylindre se fait par une courroie. Le moteur ne comportant pas de variateur électronique de vitesse, un des paliers a été dimensionné de telle sorte qu'il assure au cylindre une vitesse de 160 tours/minute. La vitesse de rotation peut cependant être modifiée en changeant la courroie de palier. Cette manoeuvre est facilitée par la mobilité de la plaque qui supporte le moteur

    L'ensemble "cylindre - moteur", fixé sur une plaque mobile peut se déplacer dans deux directions :

    - à d'avant en arrière, pour tenir compte de la longueur variable des différentes coquilles qui peuvent équiper le bras et s'assurer que la pointe de lecture se situe bien l'aplomb de l'axe du mandrin.

    - par rotation autour d'un axe perpendiculaire à celui du cylindre afin de pouvoir modifier la pente (éventuellement l'horizontalité) de l'axe du mandrin. L'inclinaison optimale du cylindre est une des conditions de la bonne marche du système.

Les résultats

La lecture d’un cylindre, relativement simple avec un appareil conventionnel, se révéle assez délicate avec le lecteur qui a été construit. Une restitution sonore de qualitée; demande de nombreux essais et fait appel à l'empirisme plus qu'aux connaissances théoriques.

Sans avoir la prétention d'être exhaustif, on peut citer sommairement les paramètres qui agissent sur la qualité du son :

  • D'abord et surtout : la qualité du cylindre. En lecture simple, et en dehors de tout traitement numérique, on ne tirera jamais rien de bon d'un cylindre couvert de moisissures, portant des traces de coups, fêlé ou usé par des manipulations brutales ou trop fréquentes. Le traitement numérique ultérieur apportera certaines améliorations (élimination des "clics" provenant d'une rayure, par exemple) mais ne permettra jamais d'écouter Sarah Bernhardt déclamer du Racine si le cylindre qu'elle a enregistré il y a plus d'un siècle est blanc de moisissure. L'information a été détruite par le champignon et n'existe plus.
  • La pointe de lecture. Ce paramètre, comme d'ailleurs pour le disque conventionnel, est très important et doit être couplé avec un autre paramètre fondamental : la pression de la pointe sur le sillon. Là encore, on est tributaire de la qualité du cylindre et des caractéristiques de l'enregistrement, en particulier de la profondeur et de la largeur du sillon.

    Il est souhaitable d'effectuer des essais avec des pointes de lecture différentes, en général sphériques, dont le diamètre pourra varier de 0,20 / 0,30 à 1 millimètre, en les combinant avec des pressions différentes. Il est également conseillé de faire varier légèrement la position de la pointe, parallèlement au sillon et d'avant en arrière. Ceci a pour effet de modifier l'angle que fait la pointe avec la tangente au point de contact avec le sillon. Les effets de ces petits déplacements sont loin d'être négligeables et sont nettement perceptibles à l'oreille.

  • Le dernier paramètre dont on doit tenir compte est la vitesse de rotation du cylindre. Ce paramètre est très difficile à maîtriser car les vitesses d'enregistrement n'étaient pas constantes, même au sein d'une même marque, voire pour le même titre. La solution retenue ne provient pas seulement de l'appareil. A la limite elle peut être quelconque (160 tours/minute pour fixer les idées) car elle sera corrigée informatiquement dans la phase de traitement du son.

Une fois les réglages effectués et les essais réalisés, le cylindre est lu par le système et le signal stéréophonique est digitalisé et directement enregistré sur le disque dur d'un ordinateur.

Ecrivez à Christian Pillet: Les principes de la lecture selon Christian Pillet:
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